Le documentaire suit les différentes interactions qu'a le jeune Amani avec des enfants défavorisés de Kigali et leurs familles. Il fait auprès d'eux de la prévention contre les idées reçues sur les Hutus et les Tutsi, ces catégories raciales diffusées par l'ancien colonisateur belge, et leur enseigne l'histoire du génocide en les faisant dialoguer avec des survivants. En outre, avec ses collègues, il propose aux enfants des activités ludiques telles que la danse ou le chant pour que les enfants tissent des liens entre eux. La caméra suit également Amani lors de réunions avec d'autres animateurs du centre afin de discuter des actions à mettre en place pour sortir certains enfants vivant au sein de familles maltraitantes.
Quelques pistes : Ce documentaire, en faisant également intervenir différents survivants du génocide, met en lumière la difficulté de se reconstruire après celui-ci, mais aussi la difficulté de rétablir une communauté déchirée. La question du pardon est au cœur de cette reconstruction. Ainsi, le documentaire oppose plusieurs visions, celle d'Amani et ses collègues qui ont trouvé une façon de pardonner aux bourreaux et celles de survivants, notamment les plus âgés, qui ont été témoins du massacre de leur proche et qui ne veulent ou n'arrivent pas à pardonner.
À Nyamirambo, quartier pauvre et cosmopolite de la dynamique capitale rwandaise, Amani, 31 ans, a créé un programme pour accompagner les enfants et leurs parents vulnérables. Rescapé du génocide des Tutsi, le jeune homme sait que les inégalités sociales et les traumatismes peuvent être le terreau d'une idéologie qui, malgré la politique de réconciliation nationale, près de 30 ans après les massacres, tourmente encore les Rwandais. Convaincu de la nécessité de cet engagement, avec ses amis bénévoles, Amani ne ménage pas ses efforts pour bâtir, avec peu de moyens, une société apaisée.
Une rencontre décisive : À L'OMBRE DES COLLINES est le fruit d'une rencontre décisive : celle, en 2017 au Rwanda, de la coréalisatrice Laëtitia Gaudin-Le Puil avec Amani, un jeune homme mobilisé auprès des enfants vulnérables d'un quartier populaire de Kigali, dans l'enceinte du centre Gisimba, là où le Juste Damas Gisimba a sauvé 398 Tutsi en 1994. En observant Amani et les bénévoles de son programme est né la volonté de documenter une génération volontaire, ambitieuse, prête à relever les nombreux défis du pays, 30 ans après le génocide.
Le Rwanda sous un nouveau jour : Le Rwanda est ici décrit de manière inattendue, avec ses failles et ses forces, dans l'immersion d'un quotidien, sans commentaire, ni interview pour permettre au spectateur d'observer, ressentir, tenter de comprendre… On y découvre le quartier populaire de Kigali où Amani déploie son programme mais aussi les quartiers cossus qui poussent comme des champignons, au gré de la demande et des opportunités. Parfois surnommé la "Petite Suisse de l'Afrique", ou le "Singapour africain", le Rwanda va vite, dopé par l'énergie d'une génération ambitieuse et d'une diaspora de retour au pays animée par un désir de succès économiques.
Un tandem de réalisatrices bretonnes : Résidant à Locquénolé, Anne Jochum a réalisé et monté plus d'une vingtaine de documentaires autour des questions de l'enfance, de l'adolescence et de la construction de l'être humain. Elle puise dans le quotidien de vies ordinaires pour interroger de grands enjeux sociaux et sociétaux.
Basée à Plouguerneau, Laëtitia Gaudin-Le Puil a le goût des histoires, le plaisir de les écrire et d'éclairer des personnalités qui sortent des radars de l'actualité. Ancienne journaliste de presse écrite, réalisatrice, autrice, elle tient le carnet de ses rencontres pour "d'éventuels futurs films". Elle aime les sujets incarnés qui racontent l'époque et donnent la parole aux oubliés.
Un film de Laëtitia Gaudin-Le Puil et Anne Jochum (leur deuxième film réalisé ensemble)
*Sélectionné pour le Festival des Lumières d'Afrique 2024