À travers le destin de Hawa et Adama, deux fillettes de Sierra Leone vendues par leurs parents à de riches familles vivant à l'étranger, Dominique Torres montre comment l'esclavage se perpétue au coeur de l'Europe.
L'histoire se passe à la fin des années 1990, dans les quartiers chic de Londres, au pays de l'habeas corpus. Mais elle commence sur le continent africain, à Freetown, capitale de la Sierra Leone. Encore enfants, Hawa et Adama ont été vendues par leurs parents à des intermédiaires, ceux que l'ONU appelle désormais des "trafiquants d'êtres humains", pour le compte de riches Libanais. Le chemin des deux petites esclaves les a d'abord conduites à Beyrouth, puis dans la capitale britannique. Toutes deux ont connu des destins similaires. L'une était régulièrement violée par le chef de famille et ses fils, l'autre séquestrée, battue et exploitée dans une très belle demeure. Un jour, la peur au ventre, elles ont décidé de s'enfuir. Toutes deux racontent leur calvaire et leur libération, dans un documentaire émouvant qui, dix ans après sa réalisation, reste toujours d'actualité. Car aujourd'hui, elles sont encore des centaines de milliers, comme Hawa et Adama, à être vendues et exploitées de par le monde, même si les procès se multiplient. En dix ans, près de quatre cents cas d'"esclavage moderne" sont passés devant les tribunaux dans la seule région parisienne. Mais pour l'instant, les peines se limitent souvent à une condamnation à la prison avec sursis et ne sont en rien dissuasives