Aderrahmane Sissako, un cinéaste à l'opéra

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Género : Biografía
Tipo : Documental
Título original :
País principal relacionado : Sección : Cine / tv
Formato : Medio
Duración : 50 (en minutos)

Réalisé par Charles Castella, ce documentaire suit Abderrahmane Sissoko en pleine conception de son opéra au prestigieux Théatre du Châtelet. Après son César pour son film "Timbuktu" qui lui offrit une renommée internationale rare pour les cinéastes africains, il met en scène "Le Vol du Boli", sans aucun doute son expérience la plus forte d'après ses propres dires. L'artiste engagé se dévoile dans ce portrait tout en finesse, au plus près de son travail avec Damon Albarn (Blur, Gorillaz) pour la musique notamment. Son spectacle s'annonce comme un pari réussi malgré la pandémie.

Le Vol du Boli, création mondiale commandée par le Théâtre du Châtelet, saisit une histoire africaine, depuis la création de l'Empire man¬dingue - le plus vaste que l'Afrique ait connu, fondé au XIIIe siècle - jusqu'à nos jours, en passant par la colonisation. Le cinéaste mauritanien Abderrahmane Sissako et le musicien anglais Damon Albarn racontent le parcours d'un "boli", fétiche animiste malien, entre Afrique et Europe, du XIIe au XXIe siècle. Objet sacré, le boli renferme l'âme des ancêtres.
Cette histoire est inspirée par le vol réel, en 1931, d'un boli - exposé par la suite au Quai Branly - par l'écrivain, poète et ethnologue français Michel Leiris, lors d'une mission ethnographique au Mali, dirigée par l'ethnologue Marcel Griaule. Ce vol et les 3 500 autres pièces rapportées de l'expédition hanteront l'écrivain, qui le racontera dans le journal de la mission, devenu journal intime où il fait part de ses impressions et de ses doutes. Ce carnet de voyage paraîtra en 1934 sous le titre de L'Afrique fantôme, et fera scandale dans le milieu de l'ethnologie. Il fait référence dans le rapport de 2017 sur la restitution du patrimoine africain, demandant le retour de toutes les œuvres africaines chez elles.
Le boli, amalgame de bois et de débris animaux, est un des objets les plus sacrés de la culture bamana, utilisé dans le culte Kono pratiqué par certaines sociétés d'initiation au Mali et au Burkina Faso jusqu'à la moitié du XXe siècle. Chargé d'énergie, il est un autel sacré, doté de pouvoirs magiques, au cœur de la vie de la communauté, et lien entre le monde des vivants et l'au-delà. Conservé dans un sanctuaire, il doit rester à l'abri du regard des non-initiés.
Dans le spectacle, il est symbolisé par la musique : "Ça lui apporte une dimension spirituelle. On suit un objet de culte, d'époque en époque, à travers la musique ", expliquait à francetvinfo.fr, Dorcy Rugamba, collaborateur à la mise en scène du spectacle.
On doit la création musicale de cet opéra contemporain au musicien britannique Damon Albarn - cofondateur notamment des groupes Blur et Gorillaz -, également présent sur scène avec la grande chanteuse malienne au timbre puissant, qui interprète plusieurs personnages, Fatoumata Diawara.
Un spectacle qui tend à partager un propos avec les autres, "beau, harmonieux, émouvant et questionnant", comme l'a souhaité Abderrahmane Sissako, multicésarisé en 2015 pour son film Timbuktu. Le Vol du Boli explore l'histoire de l'esclavage, de la colonisation, et raconte l'Afrique, ses œuvres sacrées, pillées, son peuple réduit en esclavage, mais aussi l'espoir d'une Afrique d'aujourd'hui et de demain qui affirme sa force et sa fierté.
Création du Théâtre du Châtelet - Conception musicale Damon Albarn - Livret et dramaturgie Abderrahmane Sissako et Charles Castella - Mise en scène Abderrahmane Sissako, en collaboration avec Dorcy Rugamba - Direction musicale de l'orchestre Mike Smith - Direction des percussions Remi Kabaka - Avec Fatoumata Diawara (Sogolon la reine mère, la femme magique, une griotte, une esclave, la patronne du maquis, une citadine), Edouard Borrina Mapaka (un courtisan du roi Sundjata, un serviteur, un esclave, un tirailleur, un mineur, un marchand, un chanteur de maquis, un citadin), Thierno Thioune (le roi Sundjata, le boy de Michel Leiris, l'amoureux qui se suicide, un serviteur, un tirailleur, un combattant de la liberté, un mineur, l'homme robot, un gardien de musée), Baba Sissoko
Filmé au Théâtre du Châtelet en octobre 2020 (90 min) - Réalisation Abderrahmane Sissako et Julien Faustino - Production Théâtre du Châtelet et Artibella, avec la participation de France Télévisions

Colaboradores

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