Durée 3 X 49'
Production France 5/Comiti Productions/Cnc Année 2008
Ils sont une douzaine, recueillis autour du prêtre chargé de bénir le camion débordant de marchandises et sur le point de s'ébranler sur l'unique route qui relie Lubumbashi à Bukama. Eugène, préoccupé de livrer sa cargaison à bon port, est l'un des rares transporteurs de cet axe impossible. Avant de se lancer sur la piste, il n'a pas hésité à payer cher pour s'assurer les services de Domingo, surnommé "le petit prince du volant". Et encore moins à vendre au prix fort la place aux dix passagers (bientôt onze) qui devront voyager au sommet du camion ! "Phacochère, le sanglier de la route" ne compte que 700 000 kilomètres au compteur : un véhicule considéré neuf dans un pays où le million de kilomètres est la norme. Mais "avec de telles routes, acheter du neuf ou de l'occasion, c'est pareil, se lamente Eugène. Il y a tellement de dangers sur la piste. Ici, les camions sont vite condamnés. Il suffit de faire un ou deux voyages et le camion est fichu. Et même avec un bon chauffeur, tu frises toujours la catastrophe".
Apocalypse road
Les premiers kilomètres sur l'asphalte de cette route jadis entièrement goudronnée mais jamais entretenue sont vite avalés.
Bientôt, les difficultés commencent et lorsque, en fin de journée, seuls 150 kilomètres ont été parcourus sur les 300 prévus, la décision est prise de rouler de nuit.
Après une halte dans un village en fête et deux heures de sommeil, les membres du convoi attaquent un des tronçons les plus difficiles du trajet avec des ornières pouvant atteindre 3 mètres de profondeur ! Domingo bénéficie de l'aide de deux ouvreurs de route, accrochés au camion et chargés d'évaluer le meilleur passage.
Afin d'alléger les 15 tonnes du camion, les passagers doivent bientôt descendre et marcher pendant 7 kilomètres. Un vent de rébellion souffle au sein du petit groupe. Il ne va cesser de s'amplifier lorsque, au bout de neuf jours, seuls 250 kilomètres auront été couverts ! Eugène craint pour le ravitaillement.
Puis, soudainement, après 300 kilomètres de piste défoncée, une pièce d'amortisseur lâche...
Chacun doit se résoudre à trois jours d'immobilisation forcée, où les mécaniciens improvisés feront preuve de toute leur ingéniosité pour des réparations de fortune. Une halte qui permet à l'équipe de tournage de partir à la rencontre des nouveaux habitants de cette région minière de Kolwezi, où de grandes compagnies étrangères exploitent le cuivre et surtout le cobalt, matériau utilisé notamment dans la fabrication des téléphones portables. Des milliers de pauvres gens sont ainsi venus grossir la population locale pour tenter à leur tour de tirer profit de la manne. Mais les kilos de minerai arrachés dans la sueur et la souffrance ne leur rapporteront que quelques dollars, avant d'être revendus 200 fois plus cher en Inde ou en Chine…
Les combattants de la route
Le camion d'Eugène a enfin repris la route et, bientôt, Domingo démontre une nouvelle fois ses talents de conducteur de l'impossible en franchissant sans encombre une portion de la route où un camion s'est déjà embourbé. "C'est un véritable combattant de la route !" s'exclame Eugène. Mais, quelques kilomètres plus loin, le découragement s'abat sur le petit groupe... des dizaines de camions sont enlisés là, certains depuis onze jours ! Cette fois, chacun doit prendre son mal en patience, car la pause va durer deux semaines… Le jour du départ, Domingo avait promis à ses passagers de les conduire à Bukama en quatre jours. Ils n'atteindront finalement leur destination qu'au terme d'un mois de voyage…
Anne-Laure Fournier
(Source : France5.fr)